Prochains
cercles de silence de Strasbourg
lundi
30 juillet et jeudi 30 août, 18h-19h, place Kléber
rejoignez-le,
même quelques instants
Une information déjà : l'association CASAS vous invite à l’avant-première de Fortuna, film multi-primé sur le thème des demandeurs d’asile et de leur attente. C'est au cinéma Star Saint-Exupéry jeudi 30 août, 20 h 15. Ici la bande-annonce.
Ce mois-ci nous mettons l'accent sur le (non)-respect de la loi par notre pays, envers les étrangers. Ce qui suit est un simple recueil d'informations toutes publiques, qui ensemble forment un tableau frappant.
« Si vous voulez la loi, allez en Angleterre ! » C'est ce que répond un officier de police (CRS) à une bénévole anglaise à Calais, capté dans cette brève vidéo.
Ce mois-ci nous mettons l'accent sur le (non)-respect de la loi par notre pays, envers les étrangers. Ce qui suit est un simple recueil d'informations toutes publiques, qui ensemble forment un tableau frappant.
« Si vous voulez la loi, allez en Angleterre ! » C'est ce que répond un officier de police (CRS) à une bénévole anglaise à Calais, capté dans cette brève vidéo.
Nous
ne savons pas si l'Angleterre respecte ses propres lois, envers les
étrangers. Mais la réplique de ce policier a le mérite de dire
franchement le comportement de notre pays envers eux : piétiner
la loi est courant, quand ce n'est pas simplement la consigne. Ce
n'est pas formel : c'est très grave, abîme et tue des gens.
[Sur
l'Angleterre : en fait, bien sûr, elle
ne respecte pas sa loi envers les enfants à Calais qui auraient
légalement le droit à un visa pour le Royaume-Uni. Elle ne
respecte pas non plus sa propre loi sur son sol.]
Ce
mois-ci, nous vous en proposons une consternante chronique (loin
d'être exhaustive) : ce qui se passe doit être répercuté.
C'est l'été, peut-être avez-vous un peu de temps. Nous vous
invitons donc à vous installer et faire ce petit voyage dans la
« patrie des Droits de l'Homme » et de le proposer à vos
proches. Nous renvoyons à des liens pour les sources et les détails.
Il
est incompréhensible qu'aucun de ces faits n'ait suscité un
scandale national.
Calais.
Nous vous invitons à découvrir ce qui s'y passe comme une bénévole
d'une association l'a peu à peu découvert, au fur et à mesure de
son séjour là-bas. Son témoignage est
rassemblé ici, il recoupe nombre de rapports associatifs mais se
lit aussi comme une histoire personnelle, qu'il est. (La plate-forme
rencontre parfois des difficultés d'affichage sur certains
navigateurs ; si cela vous arrive, essayer de changer de
navigateur.) Le préfet du Pas-de-Calais a voulu intimider cette
bénévole en la menaçant de poursuites en diffamation, (sans suite,
et pour cause) : l'administration est tout de même gênée que
ce qui se passe soit su.
Renvois
au Soudan.
La France renvoie des demandeurs d'asile au Soudan. Là-bas, ceux-ci
sont torturés —et il a fallu qu'un journal américain, le New York
Times, déniche cette information. La
France invite des policiers soudanais à interroger des demandeurs
d'asile soudanais enfermés en Centre de Rétention. Vous avez
bien lu. La Belgique a fait de même, le scandale a mené là-bas le
Parlement a créer une commission d'enquête, le Premier Ministre a
dû s'expliquer devant elle. Chez nous, rien. Le dictateur Soudanais,
Omar el-Béchir, est le seul chef d'État en exercice a être sous le
coup d'un mandat d'arrêt de la Cour Pénale Internationale (pour
génocide, crimes contre d'humanité et crimes de guerre). Ce ne sont
pas des faits isolés ; il s'agit d'une collaboration datant
d'au moins 2014, de notre police avec celle de ce dictateur.
Frontière
italienne.
Les rapports cinglants de deux Autorités Administratives
Indépendantes, celui
du Contrôleur Général des Lieux de Privation de Liberté et
celui
de la Commission Nationale Cause
Toujours Tu M'Intéresses
Consultative des Droits de l'Homme,
(résumé ici
dans un article de la Croix) ainsi qu'un rapport
de l'association Oxfam, documentent de façon concordante les
violations massives de la loi par la police à la frontière
italienne. Falsification de dates de naissance pour faire passer des
mineurs pour majeurs et les renvoyer illégalement, renvois en Italie
hors de toute procédure, policiers ôtant les semelles des
chaussures d'enfants arrêtés (Oxfam), privation de liberté « dans
des lieux hors de tout cadre légal et dans lesquels aucun droit ne
peut véritablement être exercé » (CNCDH), parfois
indignes, sans nourriture, à trois dans 9 m2, avec des cabines
sanitaires repoussantes et sans éclairage (on fait caca porte
ouverte ou dans le noir) ou, pour femmes et enfants, le passage de la
nuit dans une salle d'attente sans lit (CGLPL)… La députée
européenne Michèle Rivasi, faisant une visite dans un local de la
Police aux Frontières de Menton, y
a découvert une note manuscrite affichée : « Si
presse sur place, pas d'embarquement de mineurs dans les trains pour
Vintimille » (ce
qui est illégal :
un mineur isolé doit être pris en charge, point. Et les mineurs ne
peuvent être en séjour irrégulier : les titres de séjour
sont uniquement exigés des majeurs. Voilà la loi. Et heureusement.
On ne joue pas au ping-pong Italie-France sans fin avec des enfants.
Des enfants.
Au
fait, voilà une conséquence de ce mépris de la loi : « Des
enfants migrants obligés de se prostituer pour passer la frontière
franco-italienne », article de l'Obs). Bref, les consignes données
à la police sont de violer la loi mais de ne pas le montrer. Plus
globalement, par la traque qu'elle mène des étrangers à la
frontière italienne par tout moyen légal ou illégal, et le déni
de leur droits fondamentaux, « la
République renonce
au principe d'humanité et se rend même complice de parcours
mortels » (CNCDH), plusieurs cadavres ayant été récemment
retrouvés dans les Alpes.
La
CNCDH souligne en outre que le premier accueil et l'accès aux droits
fondamentaux est « laissé à la seule générosité des
citoyens », générosité contre laquelle le
pouvoir s'acharne.
Enfants
à la rue.
Plus de 400 enfants isolés dormaient dans les rues de Paris chaque
nuit en février 2018, indique un
rapport de Human Rights Watch, corroboré par Médecins Sans
Frontières. C'est « la conséquence directe de procédures
arbitraires, de retards excessifs dans la détermination de leur
statut de mineur ou tout simplement suite à un refus de prise en
charge. » Leur prise en charge est une obligation légale. Une
psychologue de MSF : « peu ont été à la rue dans leur
propre pays. [Ici], ils sont quotidiennement exposés à de multiples
risques liés à cet environnement, sans répit physique. Quant à
leur psychisme, il est en permanence en alerte, sur le mode de la
survie. »
Séparation
d'avec leurs parents et enfermement d'enfants.
Après le scandale
des enfermements d'enfants séparés de leurs parents au États-Unis,
une ministre française réagissait dans une émission télévisée :
« Séparer
les enfants migrants de leurs parents contrevient à tous les droits
de l'enfant. La France n'a pas ce type de pratiques. ». Sur
twitter, plusieurs avocats et l'Ordre de Malte France (mandaté
pour assurer des permanences juridiques dans certains Centres de
Rétention) ont
alors signalé que… si. Ce n'est pas collectif et revendiqué comme
aux États-Unis, mais c'est une pratique constante. Lire
ici,
ici,
ici,
ici,
et une
synthèse (plus
large) là :
des centaines d'enfants sont concernés, notamment
d'une part aux
frontières, d'autre
part à
Mayotte. À Mayotte c'est massif, en voici
un ancien
exemple
(le Gouvernement le sait tellement bien qu'il est
arrivé la chose suivante. Dans
la loi Asile-Immigration, le
Sénat avait amendé le texte pour interdire
explicitement l'enfermement d'enfants séparés de leurs parents.
Le gouvernement a
fait
supprimer l'amendement pour le remplacer par un amendement abject
légalisant
au contraire
explicitement
cette
pratique —en instituant un « rattachement » fictif à n'importe quel adulte enfermé
au même endroit—, justifié avec la plus parfaite hypocrisie).
Tout cela
n'est pas nouveau, vous trouverez un témoignage de 2009 ici.
Enfermement
des enfants en rétention.
C'est illégal, la Cour
Européenne
des Droits
de l'Homme
l'a jugé à présent six fois, dans des décisions rendues à
l'unanimité (mais
ces décisions, intervenant après un long délai, n'empêchent pas
le fait et aboutissent seulement à un dédommagement par l'État. En
outre, la pratique est souvent validée en première instance, lors
des recours éventuels, par de nombreuses juridictions françaises
qui s'en font les complices.).
Il s'agit d'une pratique réfléchie et directement volontaire du
Gouvernement. Pour preuve, la Cimade a constaté l'absence de
nouveaux enfermements d'enfants en métropole pendant la première
lecture du
projet de loi Asile-Immigration à l'Assemblée Nationale, quand le
sujet connaissait une légère couverture médiatique et que le
ministre, voulant éviter que les députés ne votent son
interdiction explicite dans la loi, s'engageait verbalement à en
user avec modération. Depuis, les projecteurs se sont éloignés, et
la France enferme
des enfants comme jamais auparavant. Si vous voulez vous rendre
compte de ce que c'est, et pourquoi c'est interdit par la Convention
Européenne
des Droits
de l'Homme
(traitement inhumain et dégradant), lisez ici.
Les enfermements d'enfants sont des centaines par an en métropole,
et des milliers en tout (2797 en 2017).
Mayotte.
À Mayotte, les guichets « étrangers » de la Préfecture
sont
fermés depuis trois mois, plongeant des centaines de personnes,
ayant droit au séjour ou à un renouvellement de titre de séjour,
dans l'illégalité forcée, la perte de leurs droits, de leur
couverture sociale etc. Pourquoi ? Parce que. D'autres énormités
ont lieu à Mayotte et dans d'autres départements d'Outre-mer.
Abus,
détournements ou dénis de procédure par les préfectures pour
effectuer des renvois.
Ceci est constant depuis des années et documenter ceci serait
l'affaire d'un travail universitaire. Une chose frappante est que les
juges eux-mêmes en sont parfois complices. Nous en relayons un
seul exemple, donné par un avocat spécialisé. La victime est
un demandeur d'asile, qui a été contraint à près trois ans
d'attente pour pouvoir déposer sa demande. La maxime retirée par
cet avocat est claire : « en matière de droit des
étrangers, le pire est toujours sûr ».
Nous
terminons par le pire, qui est aussi le plus lointain donc le moins
sensible :
Accords
avec la Libye et d'autres pays africains, inhumanité en
Méditerranée.
Nous ne faisons que l'évoquer, cela demanderait beaucoup de détails.
Les accords avec la Libye enferment toujours plus dans ce pays qui
est un enfer esclavagiste, les étrangers qui y transitent. L'action
des pays européens pour dissuader ou rendre difficile le travail des
associations faisant du sauvetage en mer, parfois au mépris du droit
maritime, et leurs accords avec les garde-côtes libyens, ont accru
nettement les morts, malgré une baisse des tentatives de traversée
(rapport du HCR). Nous tuons, froidement. Par peur irraisonnée,
rabougrissement mental, petitesse ignoble.
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