Le prochain Cercle de Silence de Strasbourg aura lieu jeudi 30 mai 2013 de 18h à 19h place Kléber, pour protester silencieusement contre la criminalisation des étrangers démunis de titre de séjour
Souvent interrogés sur « pourquoi manifester en silence », notre message de ce mois s’ouvre avec quelques réflexions sur ce silence : Alain Richard, à l’initiative des cercles, s’exprime le premier puis trois « habitués » de notre cercle prennent la parole.
- « Ce temps de silence, c'est un cadeau que nous nous faisons les uns aux autres, avec notre force intérieure, notre capacité d'accepter l'autre. » (Alain Richard)
- « Cela fait cinq ans que nous retrouvons chaque 30 du mois, les mêmes et d'autres. Nous ne crions pas, mais notre silence veut laisser passer l'appel de ceux dont la voix est bâillonnée par la peur et l'incertitude du lendemain. Nous espérons que l'écho de nos voix parviendra à ceux qui détiennent les clés en faveur d'un réel changement. »
- « J'aime ce silence. Il m'apaise. Il me fait rejoindre un peu ceux qu'on n'entend pas. Il n'est pas un slogan, ne veut rien imposer. Il nous rassemble, tous différents. J'aime regarder tous ces visages, être soutenu par eux. On ne vit qu'une fois ; nous sommes tous là, différents, ce silence ensemble me rappelle combien c'est précieux. Il m'aide à ne pas laisser la peur de l'autre me le faire oublier. »
- « Silence vécu en deux temps. Retrait en moi pour sonder ce côté "sombre", partagé avec ceux qui tournent ostensiblement le dos à l’étranger... Puis, tentative de ressentir ce que peut éprouver celui qui doit partir, tout laisser pour aller vers l’inconnu et n’y trouver le plus souvent qu’hostilité ou indifférence... Silence-empathie contre indifférence et résignation. »
Trois informations ce mois :
1 - Une femme médecin qui travaille avec les sans papiers témoigne de son expérience dans un blog. Le ton est juste, les faits précis.
2 - L'arrestation des enfants de Sans-papiers dans les écoles est-elle légitime selon le ministre de l'Intérieur ?
La question est posée dans un communiqué commun FCPE, FSU, CGT Educ’action, SNUIPP-FSU, Sud-Education CIMADE, GISTI, LDH, MRAP, RESF dont voici des extraits :
Le 6 mai, une réfugiée tchétchène déboutée de sa demande d’asile était arrêtée et placée en rétention pour être expulsée vers la Pologne en application des accords dits Dublin 2. Ses deux enfants étaient en classe, à l’école Gustave Courbet à Nîmes, l’un en maternelle, l’autre en primaire. La police mandatée par le préfet devait arrêter ces enfants à la porte de l’école pour les enfermer avec leur mère avant de les expulser (...)
L’opération ayant échoué, la préfecture du Gard a finalement reculé : Mme K.P a été libérée après 48 heures de rétention, le 8 mai vers 21 h, (une mesure prise « dans l’intérêt supérieur des enfants » assure le préfet...) mais s’il s’agit d’une initiative malheureuse d’un préfet, il faut que le ministre la condamne et annonce les mesures propres à empêcher qu’elle se reproduise.
La pratique de l’arrestation des enfants dans ou à la porte des écoles est inacceptable. La société civile ne l’a pas tolérée sous Nicolas Sarkozy. Ce n’est pas plus acceptable aujourd’hui.
3 - le Pasteur Christophe Cousinié, Directeur de TO7 à Toulouse, dénonce des faits similaires
Ce mercredi 22 mai, vers 9h, alors que l’association s’apprête à ouvrir, un contrôle de police a eu lieu, à la porte même de l’association.
Un accueilli, qui attendait pour entrer, boire un café et aller au cours d’alphabétisation auquel il est inscrit et participe régulièrement, à été arrêté par 4 policiers et emmené au centre de rétention, malgré l’intervention et l’opposition des salariés de TO7.
Cette porte qui s’ouvre depuis 30 ans pour tous ceux du quartier ou d’ailleurs qui viennent pour un temps de repos au milieu de leur misère, de leurs difficultés ou de leur exclusion, ce lieu de lien et d’ouverture, ce lieu de repos et de pause, ce lieu jusque là respecté, ne l’est plus.
La société civile ne l’a pas tolérée sous Nicolas Sarkozy. Ce n’est pas plus acceptable aujourd’hui.