Prochain cercle de silence de Strasbourg
jeudi 30 janvier 2020, 18h-19h pl. Kléber
Rejoignez-le, même quelques instants.
Le
gouvernement souhaite une bonne année aux demandeuses et demandeurs
d’asile. Et surtout, la santé !
À
partir de
ce mois de janvier 2020
leur couverture santé ne débutera qu’après un délai de 3 mois,
suite à un décret du
30 décembre 2019
(dont voici le
texte mais il faut arpenter le Code de la Sécurité Sociale pour
comprendre).
Ce
sont des gens souvent abîmés. Que les soignants retrouveront trois
mois plus tard, dans un état pire.
Rien
ne justifie ça.
La
santé publique en pâtira. Les urgences sont engorgées ? Les
finances des hôpitaux difficiles ? Elles le seront davantage. Des
contagions évitables ne seront pas évitées. Il faut savoir faire
des sacrifices pour faire mal aux indésirables.
De
nombreux soignants ont protesté contre ce projet (et un autre,
voisin). Trente-deux associations (dont MSF, MDM) ont solennellement
communiqué ici
et plus
de 6000 personnels de soin ont signé là.
Le
gouvernement ne leur a apporté aucune réponse et, le 30 décembre,
a publié le décret laconique.
Il est du racisme pur. La honte, la honte.
Il est du racisme pur. La honte, la honte.
En
outre il dit à l'extrême droite : vous avez raison. Ces gens
sont une menace et une charge.
Ce sont juste des humains. Le décret dit : ils ne méritent pas d’être traités comme tels.
Ce sont juste des humains. Le décret dit : ils ne méritent pas d’être traités comme tels.
Accréditer
les mensonges de l'extrême droite produira une gagnante :
l'extrême droite.
NB
1. Trois mois, c’est le temps dont ces gens disposent pour
construire leur dossier de demande d’asile. Ils le feront désormais
sans accès aux soins. Et si leur santé, physique, mentale, est
mauvaise ? Qu’ils crèvent.
NB
2. Le décret contrevient probablement au droit européen de l’asile,
qui prévoit un accès à des soins (le gouvernement, cette zone de
non-droit). Il sera contesté.
Bonne
année. Et bonne santé* !
*Offre
limitée à certaines catégories de personnes. Voir conditions en
préfecture.
Nous
ajoutons quelques brèves.
– En
2019, l'ONU (via l'Organisation Internationale pour les Migrations) a
dénombré au moins 1090 personnes mortes en Méditerranée. Elle
indique aussi que, avec l'arrêt par les États européens de leurs
opérations (Sophia) de patrouille en mer, et leur entrave de celle
des associations de secours, ce chiffre est probablement très
sous-évalué : de nombreux naufrages sont sans doute passés
inaperçus.
– En
2019 quatre personnes sont mortes en tentant de traverser la Manche
dans des bateaux de fortune.
– Nous
faisons mémoire d'Ani Guibahi Laurent Barthélémy, Ivoirien de 14
ans retrouvé mort le 8 janvier dans le train d’atterrissage d’un
avion à Roissy.
– L'expulsion
d'une Afghane de 19 ans ayant réussi à fuir son pays et un mariage
forcé là-bas a été planifiée par la France début janvier. C'est
l'action associative qui a révélé la situation et lui a permis in
extremis
de demander l'asile —qu'elle vient d'obtenir. Entre-temps, le
ministère, alerté, n'avait bien sûr pas bougé. Cette histoire est
révélatrice de la manière dont notre pays s'arrange pour que les
droits garantis par la loi restent théoriques. Vous pouvez en
regarder le court récit dans cette
vidéo. Une seule chose compte en fait : expulser.