En
raison de l'épidémie, le cercle de silence de mars à Strasbourg est annulé.
Vous
pouvez cependant agir pour les étrangers et étrangères ce
mois-ci : en signant cette pétition (cliquer)
pour la fermeture des Centres de Rétention pendant l'épidémie.
L'État
(préfectures, OFII, OFPRA, CNDA) suspend ou restreint fortement son
activité administrative pour les étrangers, sauf :
- l'enregistrement des demandes d'asile, obligation issue des Conventions de Genève,
- … et bien sûr les OQTF (Obligations de Quitter le Territoire Français) et les enfermements en CRA (Centre de Rétention Administrative) qui y sont liés. Expulser reste une priorité même en ce moment. Nous sommes fous.
L'État
nous demande de nous isoler mais continue d'arrêter des gens et de
les contraindre à vivre enfermés entassés en grands groupes dans
les CRA. C'est un scandale, et une absurdité sanitaire pour tout le
monde.
En
outre, la fermeture des frontières et/ou des liaisons aériennes
rend les expulsions impossibles. Or l'unique justification de la
rétention est de bloquer les gens pendant la préparation de cette
expulsion.
Au
CRA de Lille-Lesquin, un cas de virus COVID19 a été détecté. La
personne a été évacuée. La police gérant le centre porte masques
et gants, les retenus n'ont rien. L'association mandatée pour
assurer l'assistance juridique a exercé son droit de retrait —avec
raison, mais les retenus ne peuvent donc plus faire valoir leurs
droits !
Une
partie des retenus a arrêté de manger depuis trois jours pour
protester : « on préfère mourir de faim que de cette
merde ! » ; ils publient un communiqué (dont nous venons d'avoir repris les informations).
Précisions
si vous voulez aller plus loin.
1. À Bordeaux, le Juge des Libertés et de la Détention vient
finalement d'ordonner la mise en liberté de tout le monde.
Le
comportement des juges peut varier.
Même
quand l'expulsion reste possible, on crée un risque de contagion
vers des pays particulièrement pauvres et peu armés médicalement.
C'est un motif utilisé par la Cour d'Appel de Paris, se fondant sur
les demandes de l'Organisation Mondiale de la Santé, pour réformer
le jugement de première instance (tribunal judiciaire de Melun)
prolongeant une rétention sur demande du préfet de Seine-st-Denis
(arrêt : page1, page2).
2.
La dernière loi (sept. 2018) loi permet la rétention de personnes
en procédure Dublin, sans encore qu'une mesure d'expulsion ait été
prise envers elles. L'État continue d'enfermer des gens sous ce
motif (source).
3.
Tout cela engendre des audiences devant des juges (en première et
deuxième
instance, car avec avec
des appels —suspensifs— du parquet ou des préfets, l'État
s'acharne). Voici un compte-rendu sur l'une d'elles : des
personnes à 50 cm les unes des autres dans une salle petite, pas de
masques, pas de SHA, pas de gants, pour personne : juges,
policiers, avocat(e)s, retenus. Les
retenus (barrière de la langue ?) n'ont jamais entendu parler
des gestes barrières, de la distance de sécurité (source).
Notre
politique envers les étrangers rend fou : c'en est une preuve
de plus.
STOP !
4.
Au Centre de rétention d'Hendaye la justice, pour cause d'épidémie,
tient ses audiences par vidéo (source).
On
interpelle physiquement.
On
enferme physiquement.
On
expulse physiquement.
Mais
on en juge par vidéo.
Ceci
révolte les entrailles de l'auteur de ces lignes. L'habeas corpus ne
dit pas CORPUS pour rien. Que l'État ne mette pas la main sur la
chair et les os des gens sans au moins un jugement en chair et en os.
5.
Enfin, dans les camps grecs (Lesbos etc.)
la situation est semblable à une échelle bien plus grande. On va
vers une explosion de la maladie. Tous nos pays s'en lavent les mains
(c'est le cas de le dire). C'est un scandale européen.
Il
y aurait beaucoup d'autres choses à dire, notamment sur
le délai de latence (3 mois) de la couverture médicale pour les
demandeurs et demandeuses d'asile (décret du 1er janvier, voir notre message de janvier), qui se révèle une merveilleuse idée avec
l'épidémie, sur le sort des
innombrables personnes laissées à la rue, dont beaucoup d'étrangers et étrangères,
sans accès à l'hygiène et ne pouvant se prémunir du virus, ou sur
les étrangers blessés ou tué
par les Grecs avec les… félicitations des autres pays de l'UE,
mais ce message est déjà suffisamment long.
Prenez
soin de vous, et de tout le monde collectivement.