Juillet 2013, Metz : nous apprenons les faits suivants par une personne engagée là-bas. Depuis mars 2013, «155 demandeurs d’asile venus du Kosovo, de Bosnie, d’Albanie et du Monténégro ont vécu dans la rue », puis « transférés dans une espèce de campement sordide, entassés dans des tentes sur un parking ». « C’est une réalité qui me saute à la gueule et qui me traumatise » dit-il. « Sous ces tentes j’ai vu des femmes enceintes et malades, des enfants malades aussi et des adultes blessés par balles dont les plaies suintent ».
[Rappel du webmestre: la loi ne donne pas le droit de travail aux personnes demandant le statut de réfugié. En compensation, elle oblige l'État à les loger, le temps de l'examen de cette demande.]
Une réunion avec le secrétaire général de la préfecture 57 «m’a révélé que les conditions inhumaines et illégales de leur accueil résultaient non pas d’une insuffisance de moyens mais d’un choix délibéré» dit cette personne. Il rapporte les mots de ce secrétaire (ce qui est entre guillemets est textuel): il s'agit d'envoyer «un message de fermeté» à tous ceux qui pourraient vouloir venir à Metz, et de contrer ainsi «l'appel d'air» (qui résulterait donc selon lui de l'application de la loi). «Certaines familles seront orientées [=logées], mais de manière "vissée"», et «vous [=les personnes demandant l'application de la loi] êtes les alliés objectifs de l'extrême droite» (en "favorisant l'appel d'air", si vous suivez).
Quelques bénévoles décidés ont fait appel à des avocats et sont allés faire réaliser à ces gens des demandes de logement officielles, ayant réuni les pièces utiles, auprès de la préfecture. Le but est, après le refus prévisible, de pouvoir attaquer ce dernier devant les tribunaux. Ils ont aussi écrit une lettre ouverte au préfet de Moselle. Les médias réagissent très peu, ainsi que les élus, interpellés par lettres. Un seul a répondu, le député UMP Denis Jacquat.
Ajout : Médiapart rapporte un témoignage, avec photos. Voir aussi un reportage de France3, un peu plus ancien (comportant une erreur : ces étrangers, demandeurs d'asile, sont en situation régulière).
[Deux notes du webmestre. 1°) Ce type de comportement d'une préfecture est très ordinaire, depuis longtemps. Toutes les associations au contact des étrangers le savent. Ce qui est exceptionnel ici est le nombre de personnes concernées arrivées d'un seul coup -155 pour une ville moyenne- et le caractère totalement explicite des propos de l'administration. En outre, cette histoire montre que peu a changé sur le fond, même depuis l'alternance politique, dans le comportement de l'État, qui a une inertie de paquebot.
2°) Avant même le fond des propos, et quoi qu'on pense d'eux, la préfecture sort totalement de son rôle. Celui-ci est de faire appliquer la loi et d'assurer l'ordre public. Ici, elle choisit dans la loi ce qu'elle applique, pour mener une action politique («envoyer un message», «lutter contre l'appel d'air») choisie arbitrairement par elle sans aucune légitimité pour le faire.]