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cercle de silence de Strasbourg
samedi
29 février, 18h-19h pl. Kléber.
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Ce
mois-ci nous retransmettons des extraits du rapport
2019 de Human
Rights Watch
pour l’année 2018 relatif à la France. Nous signalons aussi
comment la dureté de l'État démolit non seulement les étrangers,
mais ceux et celles qui les assistent (voir fin du messages, où nous
donnons quelques liens).
En
août 2018 la France a adopté une loi lacunaire sur l’asile et
l’immigration. Le Défenseur des droits, le Commissaire aux droits
de l’homme du Conseil de l’Europe, le Haut-Commissaire de l’ONU
pour les réfugiés, ainsi que les ONG, ont critiqué la loi au motif
qu’elle mettait à mal l’accès à l’asile, notamment en
affaiblissant le droit de recours et la protection des personnes
faisant l’objet de procédures d’asile accélérée. La loi
n’interdit pas la rétention d’enfants migrants, en dépit de six
arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme jugeant que la
rétention de ces enfants appliquée par la France violait leurs
droits.
Démarches
antérieures
- en
avril et mai 2018, le Défenseur des droits a mis en garde contre les
conditions de vie effroyables des migrants et demandeurs d’asile
dans le camp de La Villette, à Paris, et à Grande-Synthe dans le
nord de la France, et il a appelé à ne démanteler les camps que si
des solutions durables, respectueuses des droits fondamentaux,
étaient mises en œuvre. Les autorités ont procédé à une
évacuation des camps, respectivement fin mai et début septembre
2018. Les conditions de vie des migrants et des demandeurs d’asile
dans la région de Calais demeurent sordides et la police a continué
d’y harceler les travailleurs humanitaires.
- à
Paris, les services de protection de l’enfance ont continué
d’avoir recours à des procédures déficientes pour déterminer
l’âge des enfants migrants non accompagnés, excluant un grand
nombre d’entre eux de la prise en charge dont ils ont besoin et à
laquelle ils ont droit, des centaines de ces jeunes se retrouvant
sans abri.
- en
juillet, le Conseil constitutionnel a jugé que la solidarité
faisait partie des plus hautes valeurs de la République française
et que l’aide apportée à des migrants sans papiers ne devrait,
dès lors, pas être criminalisée « lorsque
ces actes sont réalisés dans un but humanitaire ».
Cette décision figure dans la loi asile-immigration adoptée en
août. Les ONG demeurent préoccupées par le fait que les juges
pourraient interpréter l’exception humanitaire de façon
restrictive, permettant ainsi l’engagement de poursuites.
Depuis
fin 2017, l’Office français de protection des réfugiés et
apatrides a sélectionné 458 réfugiés se trouvant actuellement
dans des camps au Niger et au Tchad en vue de leur réinstallation.
La France s’est engagée à réinstaller 3 000 réfugiés de cette
région avant octobre 2019.
Pendant
ce temps, la politique européenne voulant bloquer en Afrique même
quasi toutes les tentatives de migration (officiellement :
« traiter la demande d'asile sur le continent africain »),
y exporte aussi les drames qui en résultent. Début janvier, des
Soudanais bloqués dans un camp au Niger depuis 2017, ont incendié
leur camp, près d'Agadez.
*
En
France, deux
articles rappellent
comment la dureté
de ce qui a été vécu par de nombreux étrangers arrivants, et
l'abandon et la
violence de l'État envers elles et eux,
démolit également ceux et celles qui
les assistent :
– Les
avocat(e)s spécialisé(e)s en droit des étrangers : « J’avais
pris vingt kilos, j’avais mal au genou. Je me suis dit que je me
maltraitais physiquement. » « J’ai déjà donné de l’argent
à des clients pour qu’ils puissent manger » « On
n’oublie pas leurs histoires une fois rentré le soir. Certains
dossiers m’ont rendue malade. » Les contestations d'OQTF sans
délai doivent se faire dans les 48h. Alors : « On se
retrouve à faire des recours un peu pourris. Et, surtout, à
calculer tout, tout le temps. Si la notification est tombée le jeudi
à 8h, la fin du délai est samedi 8h ».
Lire
l'article (Streetpress) :
https://www.streetpress.com/sujet/1581955710-blues-avocats-droit-etrangers-justice-asile-migrants-exiles-burn-out
– Les
bénévoles qui leur sauvent la vie, leur donnent un toit et accès à
leurs droits. Ici dans le Briançonnais : « Avec les
problèmes créés par l’administration, beaucoup de gens qui
aident dépriment. Tout est fait pour compliquer la vie et nous
pousser à abandonner ». [Après des procès contre des
bénévoles] « Beaucoup de gens restent en retrait à cause de
ça. Les maraudeurs sont sans cesse arrêtés, pour un essuie-glace
ou un pneu défectueux, ça n’incite pas à s’engager »
« On nous a appris la fraternité, et d’un coup on nous la
reproche, avec en plus des violences policières très choquantes.
Les valeurs sont chamboulées ».
Lire
l'article (Amnesty) :
https://www.amnesty.fr/refugies-et-migrants/actualites/le-burn-out-des-benevoles
La
rétention, elle, reste une source inépuisable de violence. Des
faits très graves de violence policière sont allégués au CRA de
Vincennes. Voilà ce qui peut se passer quand l'État stigmatise une
catégorie de personnes.
https://www.streetpress.com/sujet/1582118859-centre-retention-cra-vincennes-retenus-font-tabasser-dans-salle-police-violences-immigration
Enfin
l'Union Europénne lance une opération navale en Méditerranée de
blocus d'armes vers la Libye. En exigeant
explicitement que les bateaux restent hors des zones où ils seraient
susceptibles de sauver des vies,
avec droit de regard permanent des ministres si de tels sauvetages se
produisaient. HRW, article en anglais :
https://www.hrw.org/news/2020/02/18/eu-turns-its-back-migrants-distress