Prochain
cercle de silence de Strasbourg
mercredi
30 janvier 2019, 18h-19h place Kléber.
Rejoignez-le ,
même quelques minutes.
Quatre-vingt-dix
jours.
Les
cercles de silence sont nés pour protester contre l'enfermement des
étrangers en rétention, la
« prison en attendant l'avion ».
Ce
1er janvier, la nouvelle
loi sur l'immigration entre en vigueur.
Sur
quelques rares points, elle apporte un progrès. Pour le reste, elle
est une machine anti-étrangers
aveugle et brutale.
Nous
n'en soulignerons qu'un : quatre-vingt-dix jours
d'entassement à ne rien faire et d'angoisse
derrière les barreaux, c'est la nouvelle durée maximale de
rétention. C'est une folie. On
verra s'en
dérouler les conséquences toutes les prochaines années. Tous
les acteurs ont prévenu : les intéressés, la Police aux
Frontières qui les garde, les services de santé, les intervenants
juridiques. En outre, la
quasi-totalité des expulsions a lieu dans les quinze premiers jours.
La suite est punitive.
À
Vincennes
et au Mesnil-Amelot, plus de cent retenus se
sont mis en grève de la faim, dénonçant leurs conditions de
rétention, la violence policière et le non-accès aux soins. « Nous
sommes considérés comme des prisonniers alors qu’on a juste des
problèmes de papiers » ; « même les animaux sont
mieux traités que nous ».
À
cette occasion, la Cimade
rappelle qui est en
rétention, ce qu'est la
rétention. Nous relayons ses exemples en
bas de ce message.
Pour
conclure, nous ne pouvons taire, très loin d'ici, cette vaste
rétention à ciel ouvert qu'est devenue la Libye : pire,
c'est
« un
camp de concentration à ciel ouvert, financé par l'Union
Européenne », selon l'expression
du maire de Palerme.
Cela n'aurait pas pu se faire, et ne peut se continuer à un tel
point, sans l'aide active de nos États européens.
Regardez cette
vidéo du New York Times, sous-titrée par Courrier International :
tout y est expliqué, du comportement des Libyens et de notre soutien
à ces derniers, à l'occasion d'un prétendu « sauvetage »
par les libyens, filmé par une ONG allemande.
Nous
ajoutons que les faits datent de novembre 2017, avant
l'enregistrement de la zone SAR de la Libye. Depuis, c'est donc bien
pire : les ordres des Libyens, dans une zone dix fois plus vaste
que leurs eaux territoriales, doivent être suivis par
tout bateau,
en matière de sauvetage. Et la Libye, de façon illégale, débarque
ou
ordonne le débarquement chez
elle de
tout
naufragé secouru (c'est
illégal, comme le répète le HCR, car la Libye n'est pas un lieu
sûr).
Vous
pouvez lire, en anglais, un exemple de ce que ça donne en lisant ce
fil (remontez-le
et descendez-le).
C'est
insoutenable. Dans le cas d'espèce, plus de 100 personnes seraient
mortes le
20 janvier,
vu
l'inaction du centre de secours libyen, si
une ONG de
veille téléphonique n'avait
fait du bruit, alertant les médias, et provoquant finalement un
secours,
sur ordre libyen, par un bateau marchand. Bien sûr, la Libye a
ordonné le débarquement des naufragés chez elle. Le débarquement,
comme d'habitude, a été violent, et à destination d'une prison
(pardon, un centre de détention d'étrangers). Bilan : un mort,
un jeune de quinze ans, deux femmes enceintes tabassées et faisant
une fausse couche, et des coups qui pleuvent partout. L'issue
de la prison sera probablement la
mort, l'esclavage
ou la
vente de ces gens (les étrangers sont une marchandise, en Libye).
Dans
tous les pays européens, cette
nouvelle a
immédiatement fait la une du 20 heures
est restée sur un compte associatif confidentiel sur twitter. Cette
histoire n'est pas une exception, juste un petit exemple : aidés
par la surveillance italienne, les
libyens sont
en capables
d’intercepter de plus en plus de bateaux tentant la traversée : 12
490 personnes durant les sept premiers mois de 2018 (+40%
par rapport à 2017),
source HRW.
Les
dirigeants européens ont atteint leur but criminel : c'est
loin, ce sont des exactions libyennes mais pas les nôtres, tout
possible témoin (bateau associatif) est éloigné ou bloqué, donc
on n'en parle pas.
Jusque quand
tolérerons-nous ce comportement de nos dirigeants ?
Et voici des exemples de
la rétention en France, qui durera désormais jusque 3 mois.
Adama, qui vit et
travaille ici depuis 16 ans, est enfermé au CRA de Rennes.
Elbek, père de cinq
enfants tous scolarisés, a été interpellé un matin, séparé des
siens et enfermé au CRA de Toulouse en vue d'une expulsion.
Jamal se rend à la
préfecture des Landes pour demander un titre de séjour après son
mariage avec une française. Il est arrêté, menotté devant elle et
enfermé au CRA d'Hendaye.
Ibrahima
a survécu au naufrage en
Méditerranée, où il a perdu
son frère. Il a un obtenu
un titre de séjour italien. Il arrive en France. Quatre jours
après son arrivée le
préfet du Lot-et-Garonne veut
l’expulser en Guinée et
l'enferme au CRA d'Hendaye.
Jules,
bénévole de la
Cimade à Cayenne, va se
marier avec sa concubine, française. Le préfet de Guyane l'enferme
au CRA pour l’expulser à
Haïti.
Au CRA de Bordeaux un
policier a dit à Adel : « Si tu es sage, tu resteras 45 jours.
Sinon, on te transfèreras dans tous les CRA de France pour 90
jours ». Au moins, pas d'hypocrisie. Il ne s'agit pas
d'attendre l'avion, mais de punir d'être étranger.
Après huit jours
d'enfermement, l'état d'Ali est inquiétant. Il marche pieds nus,
souvent torse nu, refuse toute aide et est isolé des autres
personnes.
Mamadou est sorti de
l'hôpital le 31 décembre après un AVC. Le préfet de Guyane
l'enferme au CRA où depuis trois jours il n'a pas eu accès ni à
son traitement ni à un médecin (nous ignorons la suite).
Interpellé au guichet de
la préfecture des Landes alors qu’il venait déposer son dossier
de régularisation, Salah est désespéré au CRA de Bordeaux. Il
pleure et risque à tout moment d’être expulsé au Maroc, séparé
de son enfant né en France.
Ah,
et bien sûr : un ordre d'expulsion*
se conteste dans les 48 heures. Après c'est trop tard, même s'il
était illégal. Et voilà : comme beaucoup d'autres, Ali est
enfermé au CRA de Bordeaux… un vendredi à 23h. Pendant
le week-end, le voilà sans
assistance pour contester son expulsion devant la justice —souvent,
sans même comprendre qu'il doit la contester immédiatement. Au
pire, il sera expulsé sans voir le juge, au mieux, enfermé trois
mois pour rien.
*Pour
être précis, une Obligation de Quitter le Territoire Français,
sans délai. L'autre sorte, « avec délai de départ
volontaire », se conteste dans le délai d'un mois et ne donne
pas lieu à enfermement.
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