70ème CERCLE DE SILENCE de COLMAR
vendredi 30 mai, de 18h à 19h, place des Martyrs de la Résistance
"délocalisation" du cercle pour cause de travaux place d'Unterlinden
APPEL à participer à tous ceux qui veulent respecter la dignité humaine
des étrangers sans titre de séjour.
Depuis 1995, beaucoup de choses ont changé en matière d'immigration. Et pourtant, l'opinion d'un manque de contrôle des flux migratoires continue à primer, sans que les outils dont s'est dotée l'Union européenne ne parviennent à les endiguer.
Les outils de la forteresse
Il a fallu attendre 2003 pour que les états harmonisent leurs politiques en matière de regroupement familial et 2008 pour la directive "retour" sur les expulsions. Pour l'asile, il a fallu trois directives :
"accueil" (2003), "qualification" (2004) et "procédures" (2005), le tout pour en arriver à un semblant d'harmonisation des pratiques. Ainsi ce n'est que tout récemment que l'Italie a supprimé de sa législation le délit "d’immigration clandestine", qu'elle était la seule à avoir.
Certes, il y a des progrès dans les critères communs des conditions d'accueil, des recours, des procédures, de l'accès des migrants au système social, des facilités d'intégration. Mais, comme l'immigration irrégulière focalise l'attention, on a continué à empiler les obstacles : dialogue avec les pays d'origine pour qu'ils retiennent leurs nationaux, accords de réadmission avec la Turquie à l'initiative de la Commission. Quant aux Etats, ils en sont restés au renforcement des frontières : création de l'agence Frontex de surveillance des frontières (2004), dont ils souhaitent étendre le rôle de secours sans en augmenter le budget (80 millions d'euros), Rabit (2007) en cas d'afflux massif de migrants, Eurodac (2003), qui recense les empreintes digitales du migrant dans le pays d'arrivée, le deuxième système d'information Schengen (2006) qui réunit toutes les informations policières disponibles et enfin, l'échange de données sur les visas (2008).
Rien de tout cela n'a réduit les flux qui sont passés des Canaries à Lampedusa, puis à la frontière greco-turque (fermée par un mur depuis 2012) ce qui a repoussé les migrants vers les îles de la mer Égée. Chacune de ces routes a connu ses victimes : 400 à Lampedusa en 2013, 50 ces derniers jours en Méditerranée, 22 en mer Égée, pour un total estimé à quelques 20 000 victimes.
Appréhender autrement la situation
L'Union européenne compte le plus grand nombre d'immigrés au monde : 71 millions. Les diatribes de l'extrême droite n'y changeront rien. L'immigration, mouvement naturel et irrépressible, nécessiterait que se forge un large consensus sur ce sujet.
En premier lieu la démographie, (exceptée en partie celle de la France) ne chute pas grâce à l'immigration. Cet apport est indispensable au maintien des systèmes de protection sociale et le sera de plus en plus au fur et à mesure que la pyramide des âges s'inversera. En 2030, l'Allemagne comptera
30 % d’habitants de plus de 65 ans et 20 % de moins de jeunes. Il faudra pourtant bien des étrangers pour s'occuper des vieux et faire tourner les usines. Sans nouvelle immigration, la population de l'Union européenne en âge de travailler se réduira de 12 % d'ici à 2030. Les personnels de santé, les techniciens spécialisés, les cadres compétents vont manquer, ce qui est déjà le cas, même là où le chômage est élevé. Même le président d'EADS (Airbus) a exprimé publiquement sa crainte d'une régression de l'économie de l'Union européenne.
En second lieu, l'immigration est désormais un phénomène durable qui ne fera que s'amplifier. L'ONU estime qu'en 2015 entre 800 millions et 1 milliard de personnes se seront déplacés dans le monde. Ceci n'empêche pas, selon l'OCDE (qui réunit les 24 pays les plus riches du monde), que la migration économique régresse dans l'Union européenne en lien avec la crise. Mais ce n'est pas le cas des migrations liées aux pays en conflit ou au dérèglement climatique, qui, elles, ne feront que s'amplifier.
Si elle ne veut pas affronter d'autres drames à répétition et rester fidèle à ses valeurs, l'Union européenne devra agir : en affichant sa solidarité, en traçant des voies légales pour l'immigration et surtout, en agissant de concert. Ce n'est pas le « voisin qui n'en fait pas assez » ou « Bruxelles la bureaucratique », ce sont les 28 pays qui sont impliqués.
Il serait temps de créer un Commissaire européen à l'immigration qui s'occuperait de la sécurité intérieure, des affaires étrangères, de l'humanitaire, du développement et de l'intégration. C'est là, la seule voie pour avancer en humanité.
cercledesilence.colmar@orange.fr
Venez nombreux à cette manifestation.Venez nous rejoindre, même quelques instants entre 18h et 19h. Relayez l'appel à participer dans vos réseaux et auprès de vos amis.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire