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samedi 30 septembre 2017
de 18 à 19h place Kléber
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Voici
quelques nouvelles concernant les contrôles d'identité.
Il sont réglementés, ce qui est normal dans un état de droit. La
police ne peut contrôler sans raison l'identité de quelqu'un.
Cependant, l'objectif de la chasse aux étrangers motive fortement
l'État, qui adopte diverses lois pour permettre
des contrôles à volonté, ou détourne les lois existantes pour le
faire. La « lutte contre le terrorisme » est un prétexte
royal pour cela. Voici un exemple du récent passé, pérennisé, et
deux exemples de l'actualité.
1°
La
loi
antiterroriste « Perben » de 2006 autorisait, dans
son article 3,
les contrôles d'identité dans les trains internationaux et
certaines gares « en vue de vérifier le respect des
obligations de détention, de port et de présentation des titres et
documents prévues par la loi », bref, demander les papiers à
volonté, dans le but de demander les papiers (voir
ici l'article
78-2 du
code
de procédure pénale modifié par cette loi).
Cet
article, avec deux autres, donnant
des pouvoirs exceptionnels à la police,
était provisoire :
Art.
32 : « Les
dispositions des articles 3, 6 et 9 sont applicables jusqu'au 31
décembre 2008. Le Gouvernement remet chaque année au Parlement un
rapport sur l'application de la présente loi. »
Et
alors ? De rapport il n'y a jamais eu. Lutter contre le
terrorisme est chose sérieuse, évaluer les mesures de lutte,
accessoire. Et demander au Gouvernement de respecter sa loi
antiterroriste est facultatif. Un
député a cependant rédigé un rapport
minimaliste, se félicitant au sujet de l'article 3 que « les
contrôles réalisés […] ont permis de nombreuses interpellations
(recensées),
notamment dans le domaine de la lutte contre l’immigration
clandestine. » Tiens, cette loi d'exception viserait-elle autre
chose que l'antiterrorisme ?
Prolonger
les
pouvoirs du
gouvernement est
fondamental en revanche. En 2008, une loi
faite
rien que pour ça prolonge le provisoire jusque 2012.
L'opposition socialiste proteste. En 2012, arrivée
au pouvoir, elle vote sa première loi antiterroriste,
qui prolonge le provisoire jusqu'en 2015. Et en novembre
2014
sa deuxième loi antiterroriste comprend un
amendement du gouvernement rendant simplement les mesures
définitives. Le gouvernement invoquait la « logique
d'adaptation permanente de la loi française à la menace
terroriste » et le fait que ces dispositions y ont « fait
preuve de leur pertinence opérationnelle et de leur efficacité »
(en l'absence de tout rapport gouvernemental à leur sujet). (Merci à
Pierre Januel, ancien assistant parlementaire, d'avoir signalé cette
saga législative sur twitter @pjanuel.)
2°
Ce
point est sans rapport avec le terrorisme mais montre comment le
détournement de la loi est ordinaire. La
loi permet
au parquet d'ordonner des
contrôles d'identité dans
des lieux et à des moments précis, pour rechercher des auteurs
d'infractions pénales.
Ces contrôles sont des nasses à étrangers en situation irrégulière
—ce qui n'est pas une infraction pénale. Un policier a dénoncé
récemment le caractère explicite de ce détournement de
procédure, avec des « objectifs (chiffrés) d'étrangers en
situation irrégulière conduits au poste », un ciblage, à un
moment, des femmes en situation irrégulière pour « tenter de
remplir [le centre de rétention pour femmes de Paris, sous-rempli et
menacé de fermeture] jusqu'à ce qu'il déborde » (citation
d'un courrier électronique de la hiérarchie). Ces
consignes font que les policiers contrôlent les gens notamment « en
raison de la couleur de leur peau ».
3°
Dans ce cadre, que fait le projet
de loi antiterroriste débattu cette semaine à l'Assemblée, en
procédure d'urgence ?
Il
renforce l'article 3 de la loi de 2006, élargissant
les périmètres de contrôle d'identité
aux frontières, aux abords des gares, ports et aéroports
internationaux,
et
à un rayon de 20km des points de passage frontaliers.
L'article
10 dispose que pourra
être vérifié « le respect, par les personnes dont la
nationalité étrangère peut être déduite d’éléments objectifs
extérieurs, des
obligations
de détention [de
documents d'identité
et de séjour] ».
Bref,
le contrôle au faciès des papiers, dans le but de contrôler les
papiers. Et
possiblement de remplir les Centres de Rétention, au passage.
L'antiterrorisme
est chose sérieuse. Des contrôles d'identité peuvent être utiles.
Mais sans aucun rapport d'évaluation sur le sujet malgré la loi de
2006 qui le requiert, on généralise simplement le contrôle au
faciès à volonté. Officiellement, bien sûr, il reste interdit :
« liberté, égalité, fraternité ».
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