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cercle de silence de Strasbourg
lundi
30 septembre 2019, 18-19h pl. Kléber
rejoignez-le,
même quelques instants
En juin dernier les
six associations mandatées par l'État pour assurer l'aide juridique
dans les centres de rétention ont publié1
leur rapport 2018.
La violence
dont elles rendent compte s'est accrue particulièrement,
sous quantité d'aspects :
- nombreuses
expulsions vers
des pays où les gens seront en danger,
ou bien où, gravement
malades, ils ne pourront poursuivre les soins,
-
multiplication des décisions
et procédures illégales
par les préfectures, et occupation maximale des CRA, enfermement de
personnes en procédure Dublin (non encore visées par une mesure
d'éloignement),
-
toujours le droit dérogatoire outre-mer,
qui rend ineffectifs les droits les plus élémentaires
(exemple : expulsions de parents chargés de famille, seuls, leurs
enfants étant confiés à l'aide sociale !),
- graves problèmes
d'accès aux soins
en rétention, et notamment absence
de soins psychiatriques,
alors que l'enfermement
de personnes psychiquement malades s'accroît,
- tout cela a engendré
de grandes
tensions
dans de nombreux CRA, avec des grèves
de la faim,
beaucoup d'automutilations,
- et dans ce paysage,
toujours plus de familles
avec enfants
en rétention (traitement jugé inhumain et dégradant par la CEDH)…
Voici
quelques précisions et chiffres sur tous ces points, et quelques
mots sur la situation au CRA de Geispolsheim.
Les
plus de 45 000 personnes enfermées en rétention se trouvent :
pour
26 614 d’entre elles en métropole et pour 19 237 en Outre–Mer.
Cette
même année a été constatée une augmentation de 45% de places
dans les centres de rétention de la métropole. Celles-ci sont
passées de 1069 à 1549 places consécutivement à :
- des
réaffectations de places non utilisées voire à la réouverture de
CRA (à Hendaye et Geispolsheim),
-
extensions de CRA (dont 40 places supplémentaires au Mesnil-Amelot),
-
création de locaux de rétention administrative LRA à Nice.
Cet
usage intensif de la rétention qui s’est accentué en cours
d’année 2018 et se poursuit en 2019 comme les récents événements
au Mesnil Amelot en témoignent, a pour conséquence une plus grande
promiscuité qui, conjuguée à l’enfermement de personnes en
grande précarité sociale et souvent en souffrance mentale, engendre
des tensions très fortes.
Parallèlement
les besoins au plan de la santé et de l’accès aux droits sont
moins bien assurés.
Ces
dernières semaines des situations de grande détresse et certains
comportements inappropriés de la police à l’intérieur du CRA ont
conduit par ex. au Mesnil Amelot à des gestes désespérés (grèves
de la faim, mise en danger des retenus quant à leur intégrité
physique, manque d’hygiène…). Face à cette violence
insupportable la CIMADE présente dans le CRA a fait usage depuis le
11 juillet de son droit de retrait. Ce retrait a duré trois
semaines.
Quelles
sont ces situations de détresse ?
- la
forte attache des « reconductibles » avec la France :
anciens mineurs pris en charge par l’ASE ( aide sociale à
l’enfance), parents d’enfants français ou conjoints de Français,
anciens étudiants ayant noué des relations fortes en France… ;
- la
craintes du retour dans des pays marqués par des guerres :
Afghanistan, Soudan, Irak.
Sur
les 2800 personnes enfermées au CRA de Mesnil- Amelot 1000 ont été
expulsées en 2018.
Notre
politique gouvernementale a pour conséquences :
- la
mise en danger des personnes expulsées,
- un
déficit de protection des femmes victimes de la traite des êtres
humains,
- un
enfermement des enfants et des parents : en métropole 114
familles accompagnées de 208 enfants ont été enfermées, à
Mayotte 1 221 enfants ont été enfermés,
- de
nombreux enfermés le sont pour être dublinés
( ils étaient 1147 en 2018),
- pour
les personnes sortant de prison : un difficile exercice des
droits en détention suivi d’un enfermement souvent abusif en
rétention (en 2018, le nombre de ces personnes est passé de 8%
environ les années précédentes à près de 13%).
La
situation particulière du CRA de Geispolsheim
Après
deux années de fermeture pour travaux,
le CRA a rouvert en 2018, année durant laquelle il a accueilli 528
personnes, uniquement des hommes ( la zone femmes a été fermée en
2014).
Parmi
ces hommes les Algériens sont majoritaires.
335
hommes devaient quitter le territoire français sans délai ( contre
57 avec un délai de départ volontaire)
89
d’entre eux devaient quitter le territoire car ils relèvent de la
loi du 20 mars 2018 qui permet le renvoi d’un demandeur d’asile
vers le pays européen considéré comme responsable du traitement de
sa situation ( règlement Dublin III).
La
durée moyenne de la rétention a été de 19,4 jours (le maximum 45
jours)
Le
destin des personnes retenues :
217
soit 45% ont été libérées (par le juge judiciaire, la
préfecture, pour raisons de santé principalement),
232
soit 49% ont été éloignées,
14
personnes ont été déférées.
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