mercredi 26 avril 2023

Wuambushu, brutalité raciste d'État / traque de mineurs à Paris : « Avant je cherchais un abri, maintenant je cherche une cachette »

 

Prochain cercle de silence de Strasbourg

dimanche 30 avril, 18h-19h pl. Kléber

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Le 20 avril a commencé à Mayotte l’opération « Wuambushu », une destruction de bidonvilles prévue au bulldozer et une expulsion souhaitée vers les Comores de 24000 personnes. C’est une brutalité d’État inouïe, un écrasement des gens et de leurs biens sur la base d’un tri selon l’origine. Nous donnons quelques liens plus bas, dont un sur l'histoire de Mayotte depuis la décolonisation des Comores.

Par ailleurs, assez peu couvert par les médias, une accentuation de la chasse aux étrangers et étrangères à la rue à Paris a lieu depuis fin 2022. Les mineurs sont particulièrement touchés. Traqués, ils deviennent encore plus vulnérables aux trafics. « Avant je cherchais un abri, maintenant je cherche une cachette ».

https://www.infomigrants.net/fr/post/47906/avant-nous-cherchions-des-abris-maintenant-nous-cherchons-des-cachettes--a-paris-les-mineurs-a-la-rue-toujours-plus-invisibles Nous résumons l’article plus bas.


a) Opération Wuambushu à Mayotte

Tirs à balles réelles —« vers le sol et pour faire fuir »— par les CRS.

https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/04/24/mayotte-en-prelude-a-l-operation-wuambushu-la-crs-8-a-tire-plus-de-600-grenades_6170837_3224.html

L’opération fait disparaître les bornes : le vice-président Salime Mdéré du Conseil Départemental souhaite à la télévision publique Mayotte Première : « Ces jeunes [Comoriens], enfin ce n’est même pas des gamins, moi je refuse qu’on emploie ces termes-là ‘jeunes’ ou ‘gamins’, ces voyous, ces délinquants, ces terroristes, il faut à un moment donné peut-être en tuer. Je pèse mes mots, il faut peut-être en tuer ». https://la1ere.francetvinfo.fr/le-vice-president-du-conseil-departemental-de-mayotte-cree-un-tolle-apres-ses-propos-polemiques-appelant-au-meurtre-1389002.html

La destruction d’un bidonville au bulldozer a fait fuir des habitants avant même son début prévu, détruisant eux-mêmes leur maison.

https://www.mediapart.fr/journal/france/240423/mayotte-des-habitants-terrorises-l-idee-d-etre-expulses-demolissent-eux-memes-leur-maison

Elle a été suspendue par la justice pour voie de fait (atteinte illégale à la propriété par l’État, en l’occurrence tous les biens privés présents dans les maisons de fortune qui allaient être détruites) https://lesaf.org/la-justice-met-un-premier-coup-darret-a-loperation-wuambushu/

L’établissement d’un Local de Rétention Administrative provisoire temporaire du 21 au 24 avril n’a pas pu être contestée en justice : le préfet de Mayotte a publié l’arrêté… le 24. Voir page 12 ici.

https://www.mayotte.gouv.fr/contenu/telechargement/26065/234806/file/recueil-r06-2023-079-recueil-des-actes-administratifs.pdf#page12

Un petit reportage sur le CRA de Mayotte.

https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/04/26/dans-le-centre-de-retention-de-mayotte-ce-ne-sont-que-des-pauvres-qui-essayent-de-s-en-sortir_6171002_3224.html


Enfin le journal Afrique XXI revient sur Mayotte et son histoire à travers six articles (série en cours). Cela permet de comprendre les racines de ce qui arrive.

https://afriquexxi.info/


b) Chasse aux mineurs à la rue dans Paris

Résumé de l'article d'Infomigrants. Depuis fin décembre la politique anti-camps à Paris est devenue la même qu'à Calais : empêcher toute installation, chasser immédiatement les gens. C'est une catastrophe particulièrement pour les mineurs.

« L’installation de tentes dans l’espace public n’a jamais été autorisée, mais une sorte de tolérance permettait aux jeunes mineurs de passer les nuits tranquilles, à plusieurs, dans des parcs [...] et de repartir au petit matin, [...] tentes repliées dans les sacs à dos. Une époque désormais révolue. Et une double peine : non seulement, les jeunes ne sont plus autorisés à déplier une tente, mais ils ne peuvent plus non plus rester en groupe. Pour être discret, mieux vaut être seul. »

Il s'agit pour beaucoup de jeunes dont la minorité n'est pas reconnue et qui sont donc abandonnés à la rue pendant la procédure de contestation.

« "On a [...] des jeunes qui, lassés de se faire saisir leurs couvertures et leurs tentes, n’en demandent plus", relate encore Alice [de l'association Utopia56]. "La situation est vraiment dramatique". [...] Les hébergements solidaires ou les hôtels sociaux, déjà saturés, accueillent en priorité les familles avec enfants en bas-âge. »

En plus du sort inhumain qui leur est fait, le gros risque est d'isoler totalement ces jeunes et de les exposer aux trafics.



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