Le cercle de silence de Strasbourg
du jeudi 30 novembre 2017 est annulé
Le
préfet du Bas-Rhin interdira les manifestations dans la grande île
de Strasbourg pendant le marché de Noël. Le cercle de silence de
Strasbourg du 30 novembre est donc annulé.
En
échange, nous vous offrons de la lecture pour cette soirée, ou une
autre. Nous attirons votre attention sur les points concernant la
rétention administrative, qui a motivé l'origine des cercles de
silence. Elle est une mécanique inhumaine, les développements
qu'elle prend toujours davantage en sont la preuve. Elle doit cesser.
Ce
qui suit est suscité par une accumulation jamais vue d'atteintes
graves aux droits élémentaires des étrangers, et comporte de
nombreux liens. Si vous n'en consultez qu'un, celui-ci est sans doute
à la fois le plus proche et le plus révélateur : des
mineurs africains abandonnés par la gendarmerie en haute montagne,
un reportage de France Culture.1
Vous
pouvez aussi demander l'arrêt
des renvois en Afghanistan, l'arrêt
de l'enfermement d'enfants en rétention, et donner
à SOS
Méditerranée
qui secourt les embarcations en détresse dans la Méditerranée,
devoir auxquels nos États faillissent.
Journal
de guerre ?
Année
2017. Depuis août la
France déconseille fortement à ses ressortissants de se
rendre en Afghanistan. Simultanément
elle y expulse par centaines des Afghans ayant parcouru à pied des
milliers de kilomètres jusqu'ici
dans
le dénuement pour fuir ce pays. Sur un coup de tête sans doute ?
Mais
que voulez-vous : ils n'ont pu prouver aux autorités
compétentes (en France, l'OFPRA) qu'ils entraient dans les critères
des conventions de Genève leur ouvrant le statut de réfugié. Il
est urgent de les renvoyer : entre la
démagogie
(Toute la misère du monde ! Appel d'air ! Pas vocation
à… ! Il n'est pas raisonnable de… ! Humanité mais
aussi fermeté !) et la
vie des gens, nos dirigeants ont le courage des priorités. (Vous
pouvez toujours signer la pétition
demandant l'arrêt de ces expulsions.)
Les
étrangers ne sont pas des ennemis. Nous sommes tous des êtres
humains.
11
octobre 2017,
France.
Le
préfet du Rhône est
démis par le Gouvernement. Il
n'avait pas
décidé l'expulsion d'un
Tunisien en situation irrégulière, placé
en garde à vue
pour un petit vol.
Ce
dernier avait été précédemment arrêté plusieurs fois, déclarant
de fausses identités, mais
jamais poursuivi pour aucune infraction. Deux jours après sa sortie
de garde à vue, il assassinait deux jeunes femmes à la gare de
Marseille. Un
rapport
ministériel
a conclu à des dysfonctionnements
à la préfecture.
Depuis
le
renvoi du préfet,
tous ses
collègues
se
couvrent, émettant
des Obligations
de Quitter le Territoire Français (OQTF) en
masse et,
par
suite, enfermant
en
rétention en masse. Début
novembre, le
nombre de personnes en rétention avait
doublé et
les Centres de Rétention sont pleins à craquer.
Il n'y a pourtant aucun lien entre un séjour irrégulier et la
préparation d'actes terroristes. Les
fantasmes maintenant bien établis sont une machine folle : ils
poussent les dirigeants à réagir avec éclat dès qu'un étranger
est en cause, les accréditant en retour davantage.
Les
étrangers ne sont pas des ennemis. Nous sommes tous des êtres
humains.
6
novembre 2017. Une vedette des garde-côtes libyens intervient lors
du sauvetage d'un canot en train de sombrer par le navire d'une ONG
allemande. Son comportement meurtrier tue
probablement
cinq
personnes. Une vidéo (2min) montre aussi aussi ces garde-côtes
maltraiter les
naufragés recueillis. Or avec notre argent, les États de
l'Union Européenne financent et forment et soutiennent via l'agence
Frontex les
garde-côtes libyens pour les aider à rendre leur pays hermétique
(encore 200
millions d'euros versés
en
février dernier). Ils saluent l'action italienne (voir la
déclaration
de fin de sommet du 28/08/2017) : l'Italie fournit à la Libye
bateaux, matériel, assistance technique pour sous-traiter le travail
sordide ; cette action qui empêche les gens de quitter l'enfer
libyen (ici
un récit, là un témoignage
vidéo, 1min30) pourrait
être contestée
(lien en anglais) devant la Cour Européenne des Droits de
l'Homme.
Les
étrangers ne sont pas des ennemis. Nous sommes tous des êtres
humains.
9
novembre 2017. Auditionnée à l'Assemblée Nationale, La
Contrôleure
Générale des Lieux de Privation de Liberté
Adeline
Hazan demande
l'arrêt du placement d'enfants en rétention : extrait
de 90 secondes ici.
La France a été cinq fois condamnée pour cela par la Cour
Européenne des Droits de l'Homme. Que faisons-nous ?
Intensifier ces enfermements pardi !
(plus
de 200 en 2017),
éventuellement
en
empêchant le passage devant le juge pour pouvoir agir illégalement.
Vous
pouvez toujours demander ici
l'arrêt de ces enfermements. De façon générale, A. Hazan pointe
de graves atteintes aux personnes, en rétention (extrait de 4 min
ici ;
et
là
un reportage à l'intérieur d'un centre, grande
nouveauté
depuis que la loi autorise l'entrée des journalistes),
et pointe l'inutilité du projet gouvernemental d'allonger celle-ci à
90 jours.
Les
étrangers ne sont pas des ennemis. Nous sommes tous des êtres
humains.
Nuit
du 11 au 12 novembre 2017, col de l'Échelle, Hautes-Alpes. Hors
de toute procédure, la police « reconduit » à la
frontière italienne (route
vers le col
enneigé fermé
à la circulation),
à une heure du matin, des adolescents mineurs perdus
dans la montagne et qui
venaient
d'être
recueillis par des habitants, les exposant à la mort possible. Les
habitants en cause et deux journalistes qui les accompagnaient sont
convoqués immédiatement
à
la
police et entendus
pour « aide à la circulation et au séjour d'étranger en
situation irrégulière ». Une
des journalistes, Caroline
Christinaz du Temps
(Genève)
est poursuivie pour ce délit, remet
son téléphone portable avec code d'accès.
Une
partie de cette histoire est racontée dans ce reportage
de France Culture. Il faut l'écouter. Cette histoire n'est pas
une exception, mais un révélateur du fonctionnement administratif
ordinaire
où
nous sommes parvenus.
Les
étrangers ne sont pas des ennemis. Nous sommes tous des êtres
humains.
12
novembre 2017.
Le
journal allemand der
Tagesspiegel
publie
sur 50 pages la liste
des 33293 personnes mortes en essayant de gagner un pays d'Europe,
officiellement recensées depuis 1993. La
guerre
que nous menons
aux
étrangers tue
en masse.
Les
étrangers ne sont pas des ennemis. Nous sommes tous des êtres
humains.
13
novembre 2017.
La
chaîne américaine CNN
diffuse
une vente
aux enchères d'esclaves en
Libye en
août 2017, filmée
en caméra cachée par sa journaliste Nima Elbagir.
Les dirigeants français et européens
feignent la surprise, s'indignent et promettent des actions (tout le
monde sait depuis des années que pour les Africains subsahariens, la
Libye est lieu de torture, de
travail forcé,
de rançonnement, de séquestration, d'assassinat, voir
par ex. ce
rapport de l'ONU
ou
cet
article de RFI).
Or
ils financent et soutiennent la Libye pour qu'elle retienne les
migrants, voir plus haut. Le haut-Commissaire de l'ONU pour les
Droits de l'Homme témoigne d'« horreurs
inimaginables » et déclare « inhumaine »
l'attitude des dirigeants européens. Cet
article
du Monde
le
résume : la
réalité nous donne le choix entre
être complice d'esclavage, de torture, et
changer d'attitude envers la migration. Le reste est de
l'hypocrisie.
(Et
le Rwanda nous
fait coucou à ce sujet.)
Les
étrangers ne sont pas des ennemis. Nous sommes tous des êtres
humains.
Mi-novembre
2017, Haute Garonne. Une femme porte plainte à la police pour
violences conjugales. Une OQTF est immédiatement émise contre elle
et elle est placée en rétention. Elle n'avait pas de titre de
séjour. (Source : une avocate du barreau de Toulouse.) Sans
titre de séjour, vous êtes à la merci de tout oppresseur, car vous
ne pouvez porter plainte. Lutter contre la violence ou contre les
étrangers, il faut avoir des priorités !
Les
étrangers ne sont pas des ennemis. Nous sommes tous des êtres
humains.
Novembre
2017, Calais.
En l'absence de moyen légal pour empêcher les personnes voulant
passer en Angleterre d'exister (hé
oui),
la police a l'ordre de leur rendre la vie impossible. Elle vole ou
détruit leurs biens (tentes, sacs de couchage, chaussures —c'est
illégal mais les victimes ne sont pas en état de protester),
détruit leurs repas en cours de préparation, les pourchasse et
déloge dès qu'elles s'abritent : voir
des témoignages miniature
ici,
là, là,
et
un reportage de France 3 région ici.
Des
constatations
semblables sont faites ailleurs en France.
Les
étrangers ne sont pas des ennemis. Nous sommes tous des êtres
humains.
19
novembre 2017. Devant l'accumulation dont ce qui précède n'est
qu'un échantillon, la Commission Nationale Consultative des Droits
de l'Homme, autorité administrative indépendante, décide de
publier au Journal Officiel une alerte
brève et tranchante exposant « la
multiplication des violations des droits fondamentaux des personnes
migrantes observées sur le terrain et de certaines orientations des
politiques migratoires envisagées par le nouveau Gouvernement ».
France,
c'est la honte !
Les
étrangers ne sont pas des ennemis. Nous sommes tous des êtres
humains.
20
novembre 2017. Le Défenseur des Droits Jacques Toubon « exhorte
les pouvoirs publics à améliorer les conditions d’existence des
mineurs non accompagnés présents sur le territoire et en
particulier à leur assurer un accès inconditionnel aux biens de
première nécessité et aux soins »
(ça
va bien jusque là : boire,
manger, dormir !). En
effet, de
tels mineurs étrangers
arrivent en nombre croissant ; la loi prévoit leur prise en
charge par l'Aide Sociale à l'Enfance assurée par les départements,
mais
l'État refuse à ces
derniers le
financement pour
le faire correctement. Cette
question va devenir de plus en plus pressante, et conduit à des
actions de suppléance comme celle-ci.
On peut lire à ce sujet le livre de
rêves et de papiers,
de Rozenn le Berre, livre qui fait rencontrer ces enfants et
adolescent(e)s souvent incroyables et la mécanique étatique face à
eux. Un
exemple de cette mécanique : « votre récit (Libye,
bateau, naufrage etc.)
est stéréotypé,
votre posture d'ensemble est en décalage avec votre âge prétendu ;
vous mentez donc. Dégagez. »
Les
étrangers ne sont pas des ennemis. Nous sommes tous des êtres
humains.
25
novembre 2017. Après trois récents gros sauvetages, l'Aquarius,
financé par des dons, a sauvé
d'un coup 421
personnes en Méditerranée. La veille, l'Italie lui donnait
l'ordre de ne rien faire face à deux autres embarcations en détresse
dans les eaux internationales, pour laisser les garde-côtes libyens…
ramener les occupants en Libye. Vous pouvez donner
à SOS Méditerranée
qui effectue ce travail de sauvetage que nos États devraient
assumer.
Les
étrangers ne sont pas des ennemis. Nous sommes tous des êtres
humains. C'est simple pourtant !
On
peut lire également le récits de rescapés de cette guerre,
rencontrer ces vies : celle d'un
jeune Guinéen, celle d'un
jeune Malien. Écouter les témoignages des associations qui les
côtoient, ici
auditionnées à l'Assemblée Nationale (vidéo). Voir comment
l'accumulation de mensonges sur les migrations durant des décennies
a produit tout cela, créé ces « ennemis », ou encore ce
genre de situation
et de réaction
pseudo-raisonnables, qui sont insupportables.
Nous
pourrions continuer sans fin ce journal. En France particulièrement,
nous le constatons, le gouvernement d'E. Macron accélère
la guerre contre les migrants, sous un discours mensonger de
« raison » et d'« humanité ».
Si
nous ne le demandons pas, il n'y a aucune raison que ça
s'arrête. Demain sera pire. Sans cesse.
Qui
voulons-nous devenir ? Quel monde voulons-nous construire ?
1Nous
ajoutons cependant un bémol sur un unique point de l'intervention
de François Sureau à la fin. Il oppose « immigration
d'asile » et « immigration économique ». Les
motifs de migrations sont divers et entremêlés, souvent graves.
Certains relèvent de l'asile, au sens juridique précis qu'ont créé
les Conventions de Genève de 1951. Toutefois, c'est un mensonge de
faire croire que la réalité est modelée par nos concepts et que
se distinguent clairement deux immigrations : « asile »
(que nous aurions devoir d'accueillir) et « économique »
(pas raisonnable ou bien avec parcimonie etc.).
L'OCDE souligne récemment le
danger de ce mensonge. Il entretient de fausses représentations
(l'asile n'est pas
numériquement essentiel, il représente
une petite minorité de l'immigration), et la guerre sans fin que
nous croyons devoir mener aux étrangers.
Le 25 avril 1945 les Italiens se libéraient de l'occupation nazie et des fascistes.Certaines dates anniversaires ont un certain sens et une résonance particulière,notamment pour les Italiens bien sûr.La bruyante et détestable manifestation des néofascistes français face à l'inaction complice du ministère de l'Intérieur français est une honte.La France est bien loin de se résumer aux agissements de dangereux groupuscules et à un Etat français refusant obstinément de faire respecter la loi.En 1945 le fascisme a bel et bien été battu,anéanti grâce à l'action victorieuse et au sacrifice de milliers d’antifascistes.M.Coullomb fait mine de l'ignorer en minimisant les provocations (qualifiées de "gesticulations")d'agitateurs néofascistes et en insultant l'humanisme assumée et revendiquée de militants osant se qualifier d'"antifascistes".Sans les antifascistes l'Italie serait peut-être encore sous la botte de Benito Mussolini & de ses séides.Non M.Coullomb Benito Mussolini n'était pas qu'un clown.Je crois pouvoir dire que le grand écrivain Primo Levi ne me donnerait pas tort.Approfondissez votre connaissance du fascisme (qui paraît assez superficielle)en lisant cet auteur M.Coullomb !!
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