dimanche 27 décembre 2020

Elle le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.

Prochain cercle de silence de Strasbourg

mercredi 30 décembre 2020, 18-19h, pl. Kléber.

Rejoignez-le, même quelques instants


« Il s’est noyé lors d’un naufrage. Ce n’était pas la mer, ce n’était pas le vent. C’était la politique et la peur. » Ce sont les mots figurant sur la tombe de Yahya, cinq ans, mort le 8 novembre 2020 sur des rochers de l’île de Samos, dans le naufrage de la barque où il était avec son père.


Alors que l’Europe vient de fêter Noël, qui commémore la naissance d’un enfant « couché dans une mangeoire » « parce qu’il n’y avait plus de place dans la maison commune », elle ne cesse d’accroître la violence à ses frontières, pour les fermer à celles et ceux qu’elle considère indésirables.


On peut agir autrement. Si vous voulez le rappeler aux passants et passantes de Strasbourg à la veille du Nouvel an, vous pouvez rejoindre le cercle !


Les associations signalent une forte hausse de la violence physique :

- en France près de Calais : « déchaînement de violence » (la Cabane juridique), morsures de chien policier, coups, gaz lacrymogène…

https://www.infomigrants.net/fr/post/29237/calais-sur-l-autoroute-pres-de-l-eurotunnel-on-assiste-a-un-dechainement-de-violences

Et un témoignage du 26/12 de l’association Human rights observers de Calais : « ce matin, alors que l’arrivée de la tempête Bella est annoncée ce soir à Calais, les forces de l’ordre ont expulsé 5 lieux de vie de personnes exilées, sans aucune proposition de mise à l’abri. On a notamment assisté à l’expulsion d’environ 30 enfants non accompagnés, dont beaucoup de moins de quinze ans. Leurs abris, constitués de tentes et de bâches ont été saisis [note du webmestre : juridiquement c’est un vol, pas une saisie]. Lorsque nous avons interpellé les forces de l’ordre sur leur obligation de mise à l’abri de mineurs, aucune réponse [note du webmestre : concernant les mineurs, l’obligation est non seulement une mise à l’abri, mais une prise en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance. En février 2019 la CEDH a condamné la France pour abandon à des conditions de vie inhumaines et dégradantes d’un enfant de douze ans à Calais]. Les forces de l’ordre ont ainsi quitté le lieu en laissant ces enfants sans aucun moyen de s’abriter, dans des conditions météorologiques qui s’annoncent extrêmement rudes pour ce soir et demain : tempête avec des vents de 120 km/h ainsi que d’abondantes chutes de neige. Utopia56 rapporte avoir enregistré hier soir, 25 décembre, 30 refus de mise à l’abri de mineurs non accompagnés et 3 cas d’hypothermie. »
(source : https://twitter.com/HumanRightsObs/status/1342899218638372872)

L’association a dénombré 950 telles expulsions de campements à Calais en 2020 et 85 à Grande Synthe. Ces chiffres explosent. Ce sont des traitement dégradants, commis sur ordre. Le scandale de l’expulsion violente et médiatisée, place de la République à Paris le 23 novembre, était un exemple de ce qui est quotidien là-bas.

(source https://twitter.com/HumanRightsObs/status/1341743025836449792)

Tant que notre attitude générale ne changera pas, cette violence s’accroîtra sans cesse, car elle ne peut atteindre le but fantasmé par l’administration : faire que ces gens n’existent pas.

- en France à la frontière italienne, un exemple de témoignage (23/12) : « cette nuit un homme a été secouru au col de Saurel, [...] hypothermie, pieds gelés, les exilés sont obligés de prendre des risques dans la montagne tant que le droit d'asile ne sera pas respecté à la frontière. Les maraudes pour sauver des vies sont plus que jamais indispensables mais bientôt sans local pour stocker le matériel de secours, l'hiver va être compliqué. Ce qu'il se passe est indicible ; cette semaine une famille est arrivée avec un bébé de 12 jours, la famille a passé la frontière de nuit dans le froid et la neige parce que l'espoir d'une vie meilleure passe par cette maudite frontière ou s'éteint notre humanité. L’inquiétude que de nouveaux drames se produisent est grande avec Médecins du Monde, Anvita, l’Anafé et Tous migrants.

(source https://twitter.com/nos_pas/status/1341718173721223168 )

- en France à Mayotte : https://www.lacimade.org/droit-dasile-a-mayotte-le-mepris-des-autorites-francaises/

- La Grèce place sur des bateaux gonflables, parfois prenant l'eau, des personnes qui ont atteint son sol. Elle les abandonne sans vivres, eau ni moteur, dans les eaux turques. Bébés compris. Mille personnes au moins sont concernées. Les faits sont documentés, avec d'autres du même genre, par le New York Times. La seule réaction des autorités est de nier.

https://www.nytimes.com/2020/08/14/world/europe/greece-migrants-abandoning-sea.html

(encore une fois le NYT a été le premier grand média à notre connaissance à documenter cela, pas un média européen. Le Spiegel et d’autres médias ont ensuite mené une autre enquête.)

L’agence européenne Frontex, qui assiste la Grèce à sa frontière, ferme les yeux (au mieux https://fr.euronews.com/2020/12/01/frontex-sous-le-feu-des-critiques-du-parlement-europeen ; des associations revendiquent des preuves des mensonges de Frontex et de son directeur, le Français Fabrice Leggeri, auditionné en Commission au Parlement Européen. Des députés et députées demandent sa démission, l'affaire est à suivre). Et les camps grecs s’enfoncent toujours davantage dans l’enfer.


Les bilans chiffrés ont un côté froid. Mais ils sont aussi une manière de ne pas oublier chaque personne, derrière les chiffres, à qui nous avons ôté le droit de vivre.


La volonté du gouvernement britannique est de « rendre impossible » la traversée sans visa de la Manche (la ministre de l’Intérieur), et les efforts conjoints avec la France ont rendu cette traversée mortelle : 7 morts en 2020, dont deux enfants dans un naufrage le 27 octobre. Cette année au moins 593 personnes sont mortes en cherchant à rejoindre les îles Canaries (210 en 2019) et plus de mille en Méditerranée

(https://www.infomigrants.net/fr/post/28808/la-france-et-le-royaume-uni-signent-un-accord-pour-freiner-les-traversees-de-la-manche https://www.sosmediterranee.fr/journal-de-bord/regards-sur-la-mediterranee-centrale-23-12-2020).


Nous signalons enfin une actualité éditoriale, une bande dessinée qui donne la parole à deux enfants, venus d’Afghanistan.

http://www.gallimard.fr/Catalogue/FUTUROPOLIS/Albums/9603-kilometres

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